Les banques encore sauvées, la criante faillite du système financier – Crypto Focus

Le monde bancaire prêt à faillir ? – L’ombre de la crise des subprimes de 2008 plane sur le système financier traditionnel en cette époque mouvementée. Alors que les faillites bancaires s’enchainent, forçant la Fed (Réserve Fédérale des États-Unis) à changer de braquet, les économistes s’agitent. Les banques transpirent, les cours chutent. Incursion au cœur d’une période critique où les politiques monétaires sont malmenées.

Où la Fed passe, les banques trépassent

Une politique de taux trop rapide…

Quelque chose devait bien finir par casser. Avec la plus rapide hausse de taux jamais vu dans l’histoire, portée par une politique très agressive de la FED, les engrenages jusqu’à là bien huilé du système bancaire ont fini par gripper. Le graphique ci-dessous parle de lui-même.

Comparatif des différentes hausses de taux de la Fed, celle de 2022 bat tous les records – Source : statista

Nous attendions les faillites d’entreprises et la hausse du chômage, c’est finalement celle des banques qui a fini par arriver. Et non des moindres, comme la Silicon Valley Bank (SVB), 16e au classement des plus grandes banques des États-Unis. Loin derrière les géants que sont JP Morgan, Wells Fargo ou Goldman Sachs. Mais suffisamment importante pour que la FED intervienne, piétinant ainsi la politique de taux qu’elle mène depuis plus d’un an. Contrainte d’agir pour éviter que le système ne s’écroule. Mais nous y reviendrons.

Total des actifs sous gestions de la FED – En une semaine, la FED efface la moitié des efforts de réduction monétaire de 2022 – source

Ni une ni deux, afin d’éviter la chute de dominos, Janet Yellen, secrétaire du trésor américain, et la Fed de Jérôme Powell, ont été obligés d’agir. C’est dire à quel point la pyramide financière qu’ils ont bâtie est fragile. 25 milliards de dollars sortis de nulle part pour « combler le trou » et éviter la panique. Un contresens économique total par rapport à la politique monétaire stricte menée jusque là. Une politique qui clamait haut et fort vouloir raréfier l’argent pour contrer l’inflation. Cette même politique qui ressort l’imprimante à billets à la première anicroche. Mais comment tout cela a débuté ?

…qui finit par casser quelque chose : le système bancaire

Le coupable ? La hausse de taux de la Fed dont l’objectif était jusque là très clair : faire disparaitre l’argent. Contrer cette inflation qui, depuis plus d’un an, augmente significativement le coût de la vie pour les citoyens. Toutefois, qui dit moins d’argent en circulation dit financements plus compliqués pour les sociétés. De nombreuses entreprises, notamment des startups dans les secteurs de la Tech, ou de la crypto d’ailleurs, se sont retrouvées à court d’investisseurs susceptibles de subventionner leur activité. De fait, que font-elles ? Elles puisent dans leurs réserves. Et où sont ces réserves ? Dans les coffres des banques. Ceux de la Silicon Valley Bank notamment.

Sauf que cet argent n’était pas liquide, pas directement disponible. C’est le principe d’une banque, il n’y a jamais beaucoup d’argent en réserve. Chose que ces mêmes financiers ne se sont pas fait prier pour reprocher au secteur crypto d’ailleurs, lors de la crise FTX. Des exchanges qui depuis ont initié des Preuves de Réserves. Toujours est-il que les épargnants, voyant la banque en difficulté, ont commencé à paniquer. S’il n’y a pas assez d’argent pour tout le monde, c’est le dernier à retirer qui se fait plumer. En retirant de concert leur argent sur un laps de temps très court, ils ont ainsi provoqué la prophétie autoréalisatrice d’un bank run. Une menace qui pèse d’ailleurs sur l’entièreté du système bancaire mondial.

Faillite des banques, un acte anti-crypto qui a mal tourné ?

Un peu plus tôt au mois de mars, c’est une victime retardataire du big bang FTX qui faisait faillite. La banque Silvergate, une porte d’argent à la poignée d’argile. Désormais, nous pouvons ajouter la Silicon Valley Bank donc. Ainsi que la Signature Bank, une banque fermée « préventivement » par le gouvernement américain. C’est du jamais vu. En clair, la banque n’était pas en faillite, mais la Fed, probablement dotée d’un don de voyance digne de madame Irma, a préféré la fermer avant que le pire n’arrive. Le plus gros défaut de cette banque ? Son soutien connu au secteur crypto. De là à considéré ce geste comme une attaque anti-crypto orchestré par le gouvernement américain, il n’y a qu’un pas. Surtout que sa reprise serait conditionné par le fait que le repreneur renonce à tout lien avec le secteur crypto.

Cet acte a forcé l’exchange OKCoin à suspendre temporairement les dépôts en dollars. La Signature Banque étant la banque principale de la plateforme crypto.

Trois banques en faillites. Trois banques pro-crypto. Est-ce un hasard ? Peut-être que oui, ou bien non. L’attaque serait grossière. Néanmoins, toujours est-il que par rapport à quelques semaines en arrière, les acteurs cryptos se retrouvent avec de moins en moins de partenaires bancaires. Toutefois, contrairement aux apparences, la crypto serait loin de dégouter les banquiers traditionnels.

Digital Currency Group (DCG), un géant de la crypto, dont la filiale Genesis a récemment beaucoup fait parler d’elle, a eu besoin de trouver de nouveaux partenaires, faute de banques pro-crypto encore debout. Et visiblement, les grosses banques se bousculent toujours au portillon. HSBC, Deutsche Bank ou encore Mercury auraient répondu positivement à l’appel.

Jeu d’argent : quand la finance triche, le contribuable en paie le prix

Quand le jeu ne lui plait plus, la finance change les règles

Revenons à la faillite de la Silicon Valley Bank. Le problème est le suivant pour le gouvernement américain : s’il s’en tient aux règles de jeu, il encourt un potentiel risque systémique capable d’engloutir le système financier tout entier. Fin de partie. Sauf que non, le gouvernement, en plus d’être mauvais joueur, dicte les règles. Il peut donc les modifier à sa guise quand ça l’arrange. Toujours au profit des mêmes acteurs : les géants bancaires, financiers, fonds spéculatifs et milliardaires. Les banques ont le droit d’échouer sans qu’il n’y ait de conséquences. Pas nous.

Aux jeux d’argent, les financiers dictent les règles, et à la fin, les consommateurs perdent la partie

Si l’on s’en tient aux règles établies, seuls les dépôts inférieurs à 270 000 dollars sont censés être garantis par la FDIC, la Federal Deposit Insurance Corporation. Un fond de garanti prévu justement pour ce type d’occasion. Mais suite à la faillite de la SVB, et pour stopper net l’élan de panique, la Fed a annoncé couvrir l’ensemble des dépôts afin d’éviter une crise de panique et le risque de contagion au système tout entier. Un injuste chantage au fameux « too big too fail » qui permet à la mécanique perverse d’un système défaillant de perdurer. Un chantage dont les répercutions sont grandes : en tant que particulier ou entreprise, comment protéger ses fonds ? Désormais, c’est en les mettant dans une de ces fameuses banques « too big to fail ». C’est ce qu’un sénateur a réussi à faire dire à la secrétaire au trésor US, Janet Yellen. De fait, nous assistons a un afflux de demandes d’inscriptions dans les grandes banques, au détriment des plus petites. Et donc à une probable concentration des acteurs bancaires aux USA.

Bien sûr, d’un côté, ce renflouement a pour objectif de protéger des emplois, faire prospérer des activités, éviter des faillites, du chômage. De l’autre, c’est une injustice pure d’un point de vue moral vis-à-vis du reste de la population qui devra, de manière certaine, subir les conséquences de cet argent magique, de cette impression monétaire sans limite. Et qui les subit déjà via l’inflation comme nous le verront après.

Une contagion à craindre en Europe ?

Et malgré ce sauvetage de l’État, c’est désormais une crise de confiance que doivent gérer les différents gouvernements. Une crise de confiance qui se propage. En début de semaine, c’était le secteur bancaire américain qui chutait violemment. Au point que les bourses traditionnelles ont arrêté temporairement la cotation de certaines actions bancaires. Un « bouton stop » bien pratique, il faut l’avouer, pour éviter d’avoir à affronter la réalité des marchés.

Un bouton inexistant dans le monde crypto et un scénario qui n’est pas sans rappeler la crise des subprimes de 2008. Raison même pour laquelle Satoshi Nakamoto a créé Bitcoin. Comme un écho à l’identité même de cet or numérique, le cours de celui-ci a bondi de 20% pendant que les marchés s’écroulaient. Rappelant sa nature profonde d’alternative monétaire incensurable et dépourvue de toute emprise étatique. La symbolique est forte lorsqu’on pense que Satoshi a inclus dans le tout premier block de la blockchain Bitcoin un article du Times qui titrait ce même jour, le 3 janvier 2009 :

« Le chancelier Alistair Darling sur le point de renflouer les banques pour la seconde fois. »

La contagion s’étend désormais progressivement au marché bancaire européen, alors que le CAC 40 commence lui aussi à décrocher. Le cours des banques chute fortement. Credit Suisse d’abord, puis dans la foulée BNP Paribas et Crédit Agricole. Le système bancaire européen ne semble donc pas aussi solide sur ses appuis qu’on veut bien nous le faire croire, n’en déplaise à notre ministre de l’économie Bruno Lemaire. Ce dernier s’époumone à vouloir nous rassurer à grand renfort de « calm down calm down ». Mais il est peu probable que la tempête bancaire prenne le temps d’écouter le marin malmené par les flots agités.

L’inflation, le prix à payer pour les dérives bancaires des privilégiés

Quand Biden dit qu’il fera tout le nécessaire pour que le contribuable n’ait rien à payer, c’est faux. Car le prix, au contraire, sera très élevé. La création d’argent magique devra d’une manière ou d’une autre être remboursée. Un prix à payer dont les consommateurs sont les premières victimes. Augmentation des loyers, des prix de l’immobilier, des produits de première nécessité, de l’alimentation en général, bref du coût de la vie.

Une austérité budgétaire forcée aussi, contrainte par l’obligation de remboursement des intérêts d’une dette étatique toujours plus grande. Un capital inévitablement amputé chaque année qui provoque la déchéance progressive de nos services publics : hôpitaux, tribunaux, écoles, universités… Des infrastructures d’ores et déjà dans un état critique, dépourvu de moyens et de soutiens financiers de la part de l’état. Un comble quand on pense que ces mêmes milliards jaillissent de nulle part pour venir en aide à un système bancaire embourbé dans son propre péché de cupidité.

Une hausse des prix restée imperceptible durant des années, mais qui aujourd’hui ne peut plus se cacher alors que l’inflation peine à être régulée et se maintient à des niveaux de 6% à 10% depuis plus d’un an désormais. Savez-vous qu’une inflation maintenue à 10% sur 5 ans, c’est 40% du patrimoine placé sur votre Livret A qui disparait en fumée ? Avalé par la hausse des prix.

Au jeu de l’argent, les États dictent leurs règles, les modifient à envie pour maintenir en vie leur petit système. Et à la fin, c’est le contribuable qui paie. Mais un jour, ils devront faire un choix. Décider entre la mort de leur monnaie ou la mort des marchés. Sommes-nous à l’aube du crash de notre économie ou n’est-ce là qu’une frayeur passagère dans l’attente d’un cataclysme plus grand encore ? Nul ne le sait, mais le bateau bancaire tangue, vacille. En cette période troublée, s’offrir un canot de sauvetage est loin d’être une mauvaise idée. Et la bouée Bitcoin est encore à portée de dos crawlé.

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